RECHLIN, tombeau de mes Camarades
Sai su trés jeune ce que Rechlin avait représenté pour ma mére, Denise Rousseau-Villard, par la lecture du livre La grande Misére, écrit par Maisie Renault. En 1971, ma mére a écrit un texte publié par Christian Bernadac, intitulé : « Ce qui fut le pire ». Ma mere a été déportée A Ravensbriick, en méme temps que sa sceur, par le convoi du 15 aofit 1944 (celui des 57 000), dans lequel se trouvaient aussi Jacqueline Fleury et Marie-Sylvie Girard- Cordier. Les Résistantes frangaises qui ont fait partie de ce convoi étaient des rebelles se considérant comme prisonniéres politiques. Les Nazis leur ont fait passer le gofit de la rébellion, en les envoyant dans des camps dits « de représailles ». Denise a été envoyée & Kénigsberg-sur-Oder, puis 4 Rechlin, et enfin 4 Ochsenzoll. A Rechlin, en plein hiver, les déportées faisaient du camouflage d’avions et du terrassement des pistes au sol gelé : « C’était un petit camp, avec un seul tres grand batiment. Pas de chdlits, on dormait a méme le ciment, sans couverture. On avait la dysenterie (...) les latrines débordaient. Le matin on ramassait les mortes. Hécatombe terrible » La veille de la visite, j'ai indiqué & mes collegues mon lien & Rechlin. La visite a été préparée en conséquence. Sur place, nous découvrons le nom de ma mere sur le monument des déportées qui ont travaillé sur ce site, ainsi qu’un pupitre oü figure un extrait de « Ce qui fut le pire ». Apres un d&pöt de gerbe et la lecture de ce texte par quatre camarades du CIR, Constance Jaiser me demande de parler. Comme je n’ai plus de larmes pour pleurer sur ce sujet, ce temps me permet de situer calmement Rechlin dans l’histoire de ma m£re, depuis son engagement dans la Resistance jusqu’ä son retour en France. « Rechlin , tombeau de de mes camarades... Je ne pourrai jamais entendre ce nom sans fremir d’horreur ». Dominique VILLARD