La communauté internationale des prisonières du camp de concentration de Ravensbrück et aussi leurs families déclarent lors du 70. anniversaire de la libération en avril 2015 le texte suivant:

25.05.2020

Les camps de concentration du régime nazi ont été libérés par les Alliés à la fin de la guerre. Soixante-dix ans après avoir été sauvées par l’armée soviétique du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, nous nous sommes réunies sur le lieu de nos souffrances, au bord du lac Schwedtsee, en face de Fürstenberg/ Havel. Des anciennes détenues de tous les pays d’Europe envahis et d’Allemagne ont convenu de s’adresser à l’opinion publique :

Notre communauté a été fondée à une époque ou cent trente mille femmes, mères et enfants ainsi que vingt mille hommes devaient se plier aux ordres de la SS à Ravensbrück, réduits à l’esclavage dans plus de 150 commandos de travail. Nous étions exposés à la faim et aux sévices, et des dizaines de milliers d’entre nous ont été assassinés. La SS a tenté de nous monter les uns contre les autres : pour des motifs d’appartenance nationale, sociale, politique ou religieuse. Nous avons contré ces tentatives par notre solidarité. C’était le seul moyen de garder notre dignité, même sous la terreur. Beaucoup de nos compagnes ont témoigné devant les tribunaux alliés des crimes commis dans les camps et ainsi apporté leur contribution au travail d’investigation du régime nazi. Après notre libération, nous avons cherché à contacter les autres survivantes pour documenter l’histoire de Ravensbrück et préserver les expériences que nous en avons tirées pour l’avenir.

1. Nous voulons préserver l’amitié internationale nouée dans le camp. Elle nous relie, anciennes prisonnières du camp et leurs familles, sans considération de nationalité, d’opinion politique, d’origine ou de religion.
2. Nous nous efforçons de contribuer à l’entente entre les peuples. Notre expérience à Ravensbrück est une mise en garde solennelle contre ce que la terreur, l’antisémitisme, la guerre et le génocide font subir aux femmes et aux enfants et aux hommes.  
  1. Grâce à d’anciennes détenues de nombreux pays, nous avons édifié un mémorial sur le lieu de notre résistance et de nos souffrances. Des sites commémoratifs ont été créés dans d’autres pays à l’initiative d’anciennes de Ravensbrück : à Amsterdam, Bruxelles, Budapest, Barcelona, Lidice, Paris, Varsovie. Tous ces sites doivent continuer à être un lieu de transmission des idéaux de la résistance européenne aux générations à venir.
    1. Il faut conserver et compléter les documents, témoignages, poèmes, histoires de vie et récits pour expliquer l’histoire du camp de concentration pour femmes. Il faut protéger le savoir acquis contre toute falsification.
    2. Il faut préserver l’internationalité du souvenir de Ravensbrück. Les survivantes l’ont portée dans tous les pays du monde.
  2. L’appel des femmes de Ravensbrück fait partie intégrante de la voix des femmes du monde entier qui s’engagent en faveur de la paix et de la liberté. Il faut poursuivre notre résistance contre la résurgence de tout type de fascisme. Les guerres n’ont pas disparu de l’histoire du monde et continuent de plonger les peuples dans une profonde douleur.

Nous, les survivantes de Ravensbrück et leurs familles, avons le droit de formuler cet avertissement et notre histoire nous y oblige. Partout dans le monde, entendez notre appel : plus jamais de fascisme, plus jamais la guerre !

Plus jamais Ravensbrück !

Notre vigilance et la vôtre doivent toujours rester en éveil !

(Ce texte a été préparé par le Comité international des anciennes détenues de Ravensbrück)