Rosel Vadehra – Jonas , née Jonas

Née en 1940 à Dörnigheim sur Main (Allemagne)

Diplômée en Economie Politique. Enseignante dans l’éducation d’adultes.

Fille de Katharina (Käthe) Jonas

Membre du Comité International de Ravensbrück (CIR) depuis 1998.

Katharina (Käthe) Jonas, née Seng

Rosel Vadehra – Jonas, Foto: Ambra Laurenzi
Rosel Vadehra – Jonas, Foto: Ambra Laurenzi

Je suis née au mois de novembre 1940 à Dörnigheim sur Main (Allemagne) comme deuxième enfant d’une famille ouvrière. Hitler et le NSDAP (parti national-socialiste) étaient alors au pouvoir en Allemagne depuis plus de 7 ans et la guerre régnait depuis plus d’un an. Mes parents, Käthe et Peter Jonas, étaient adhérents du parti communiste. Ils étaient opposés au régime national socialiste et, comme d’autres parents maternels, ils étaient emprisonnés pour des raisons politiques déjà avant ma naissance. (Voir aussi la biographie de ma mère, Katharina Jonas.) Mon père souffrait de la maladie de Bechterev, une maladie rhumatismale de la colonne vertébrale et il ne pouvait donc plus exercer son métier comme peintre en bâtiment. A ma naissance il était déjà invalide depuis des années. J’étais une retardataire dans la famille. Mon frère Friedel avait presque 19 ans de plus que moi.

J’avais trois ans quand ma mère a été arrêtée de nouveau. Elle a quitté l’appartement avec deux hommes et a dû me laisser en pleurant dans les bras de la jeune femme de mon frère. On l’a transporté au camp de concentration de Ravensbrück. Ma mère a survécu à l’enfer de Ravensbrück, mais elle a souffert jusqu’à la fin de ses jours des conséquences physiques et psychiques de la détention au camp de concentration.

J’ai fréquenté l’école secondaire à Hanau et ensuite l’école de commerce supérieure. Puis j’ai suivi une école de langue à Francfort sur Main, que j’ai achevée avec les examens d’interprète en lague économique en anglais et en français. Il s’en est suivi une activité de deux ans en tant que secrétaire et traductrice, dont un an en France. J’ai ensuite fréquenté le Hessenkolleg à Francfort (un institut pour la formation d’adultes) que j’ai terminé après deux ans et demi avec le baccalauréat. Puis j’ai commencé mes études en économie politique à l’université Johann-Wolfgang-Goethe à Francfort, dont je suis sortie diplômée.

Mes parents s’étaient efforcés de me donner une bonne éducation, à laquelle ils avaient eux-mêmes dû renoncer en leur temps en raison de la situation financière de leurs familles. Ils me soutenaient selon leurs possibilités. Pour fréquenter le Hessenkolleg et l’université j’ai bénéficié de bourses d’études provenant de fonds publics.

Après mes études, j’ai travaillé comme professeur dans l’éducation des adultes.

Le travail de ma mère au Service d’Assistance pour des personnes persécutées par les nazis à Hanau et son activité bénévole au parlement communal à Dörnigheim m’avaient donné un aperçu de la situation sociale de l’après-guerre dès mon plus jeune âge et j’avais appris l’histoire personnelle de beaucoup de victimes du régime nazi. Au lieu d’aller à des consultations officielles, de nombreuses personnes de Dörnigheim et des communes voisines venaient directement chez nous à la maison avec leurs soucis. Les conversations avec ma mère avaient lieu en présence de la famille dans la cuisine.

Ainsi j’ai pris conscience très tôt de la disparité entre ce que j’entendais à la maison et l’opinion majoritaire en dehors de la famille et aussi à l’école. A l’école secondaire, je n’ai jamais dit que mes proches avaient été persécutés sous le régime nazi et qu’ils avaient été même emprisonnés. L’occasion ne s’est pas présentée non plus. La période du nazisme n’était pas abordée en classe.

Par ma mère aussi, j’avais eu tôt contact avec l’association des victimes du régime nazi (VVN). J’étais encore un enfant quand elle m’emmenait à des événements divers. Les réunions du comité de la section régionale du district de Hanau avaient souvent lieu chez nous à la maison. Etant adolescente, je pouvais me rendre utile grâce à mes connaissances linguistiques. Il était évident pour moi qu’en 1964, quand elle ouvrit ses rangs aux familles des persécutés, je devins membre de la VVN.

J’assistais de près à la création de la Lagergemeinschaft Ravensbrück (Amicale de Ravensbrück) en Allemagne de l’Ouest. Ma mère était à la retraite. Elle avait une correspondance intense avec d’anciennes détenues de Ravensbrück et rassemblait avec elles les adresses d’autres survivantes du camp. Ce n’était qu’après sa mort que j’apprenais que pendant ces recherches au cours des années 1960, elle avait fait l’objet d’une procédure pour « connexions préjudiciable à l’État ». Mais cette procédure avait été officiellement abandonnée entre temps.

Quand je fus moi-même en retraite, je participais activement aux travaux de la VVN, qui s’appelle maintenant VVN/Confédération des Antifascistes (VVN/BdA), et je participais à des réunions du Lagergemeinschaft Ravensbrück. De 1990 à 1994, j’ai été porte-parole sur le plan fédéral de la VVN/BdA. Je suis membre fondatrice de la Lagergemeinschaft Ravensbrück / Freundeskreis e.V. (Amicale de Ravensbrück enregistrée et ouvert aux familles et des amis des détenus de Ravensbrück). Je fus présidente de cette amicale de 1997 à 2007. Depuis 1998 je fais partie du Comité International de Ravensbrück (CIR).

Je suis marié et j’ai deux enfants et deux petits-enfants.

19,04,20/V.-J,