Dr. Annette Chalut, née James-Weill

Docteur Annette Chalut née James-Weil

né le 29 avril 1924 à Paris

décédé le 8 novembre 2021 à Paris

Médecin

Ravensbrück: 18 mai 1944, Juin 1944 Hanovre-Limmer (camp externe de Ravensbrück), 15 avril 1945 libération à Bergen-Belsen par les troupes britanniques

Dr Annette Chalut 2013 Remise de l'Ordre du mérite de Brandenbourg

Dr. Annette Chalut 2013, Verleihung des Brandenburgischen Verdienstordens
Dr. Annette Chalut 2013, Verleihung des Brandenburgischen Verdienstordens

Annette James-Weil est née le 29 avril 1924 à Paris, la deuxième de trois sœurs. Elle est issue d’une famille française très patriotique d’origine juive. Elle pu se faire une première impression du changement de l’Allemagne sous le régime national-socialiste alors qu’elle n’était qu’une petite écolière âgée de 3 ans: à l’école il y avait de plus de plus d’immigrants ayant dû quitter l’Allemagne en raison de l’antisemitisme, du racisme et de la persécution grandissante. Après avoir passé le Bac, elle a commencé des études de médecines à Paris.

Après l'occupation de la France par la Wehrmacht allemande, les persécutions pour des raisons raciales ont débuté également très rapidement. Le 12 décembre 1941, son père est d’abord arrêté lors d’arrestations massives d'employés municipaux d'origine juive et interné dans le tristement célèbre camp de Compiègne-Royallieu. En avril 1942 il a pu être libéré grâce à l’intervention de son épouse. Après sa libération en avril 1942, la famille a déménagé dans la zone non occupée par les allemands, la “Zone Libre” et s’est fourni de nouveaux papiers d’identité sous le pseudonyme de “Warnod”.

Annette poursuit ses études de médecine à Toulouse. Le père rejoint le mouvement de résistance, “la Résistance”. Annette et sa sœur aînée l'ont aidé à libérer le plus grand nombre possible de prisonniers des camps d'internement du sud de la France afin de les sauver de la déportation. Ils leur procurent de nouveaux papiers avec de fausses identités, organisent des itinéraires de fuite vers l’Espagne ou les cachent dans des logements privés.

Après avoir été dénoncés, ils ont été arrêtés le 8 mars 1943, avec six autres personnes, leur mère et leur petite sœur ont pu être cachées et ont échappé à l’arrestation. Elles ont survécu. Annette était, dans un premier temps, incarcérée dans la prison Saint-Michel à Toulouse et y a été soumise à un interrogatoire. Comme elle avait été arrêtée sous son pseudonyme, sa véritable identité est restée cachée à la Gestapo. Elle est ensuite emprisonnée à Romainville, un fort de Paris qui sert à la Gestapo de camp de détention sécuritaire et de point de départ des déportations.

Depuis Romainville elle a été déportée à Ravensbrück, où elle arriva le 18 mai 1944. Quatre semaines plus tard, elle a été déportée à Hanovre-Limmer, où elle a dû effectuer des travaux forcés au tour et au haut-fourneau pour la production de masques à gaz de l’entreprise Continental Gummi SARL. Elle a été, comme elle l'a dit elle-même, "achetée par une usine pour travailler dans l'industrie de l'armement".

Le 6 avril 1945, les SS la conduisent dans une marche de la mort de trois jours à Bergen-Belsen, où elle survécut à la libération du camp par l'armée britannique le 15 avril 1945. Au moment de la libération, une épidémie hors-norme de typhus venait d'éclater. Les prisonniers libérés furent réinstallés dans des casernes, où Annette soigna ses amies avant de rentrer à Paris le 30 mai 1945.

Annette n'a appris le sort de sa sœur aînée qu'en 1945: Depuis Drancy elle a été déportée à Auschwitz, elle a survécu et est retournée en France en juillet 1945. Contrairement à son père - déporté dans un premier temps à Paris, il est également arrivé à Auschwitz où il décéda le 3 octobre 1944.

Depuis son retour, elle s'est engagée à défendre les intérêts des anciens déportés. Après avoir terminé ses études de médecine, elle a travaillé comme médecin du travail au Centre de Réforme, qui était subordonné au Ministère des Anciens Combattants. En même temps, elle s'est occupée des soins médicaux de ses anciens camarades de la Résistance et de la période de déportation. En 1948 elle a épousé un collègue, un médecin, qui a également combattu pendant la résistance et qui avait été déporté au camp de concentration de Buchenwald. Ils ont eu ensemble trois enfants. Jusqu’en 1990 Annette a travaillé en tant que médecin.

Après sa retraite, elle devient un membre actif de différentes associations d'anciens résistants et de déportés. Depuis 1990 Dr Annette Chalut est membre du conseil d’administration de l’association des anciennes déportées et internées de la Résistance (A.D.I.R), qui représente depuis 1992 le Comité International de Ravensbrück (CIR). Après la disparition de Rose Guérin, elle est élue présidente du Comité International de Ravensbrück. Depuis juin 2001, elle représente le CIR au sein du Conseil consultatif pour la recherche sur les camps de concentration de la Fondation des Mémoriaux de Brandebourg et, à ce titre, a participé activement au réaménagement du Mémorial de Ravensbrück.

Aujourd'hui, le Dr Annette Chalut est présidente honoraire du Comité International de Ravensbrück. Pour son engagement, elle reçoit de nombreuses récompenses, dont la médaille de commandement de la Légion d'honneur française.