Camp de protection de la jeunesse de Uckermark

Gedenken an das Jugend-Konzentrationslager Uckermark

La construction du »Camp de redressement pour jeunes« dit aussi »Camp de protection de la jeunesse« de Uckermark fut entamée en 1941/42.

Le camp, qui comprenait au milieu de l’année 1944 environ 15 baraques, était placé sous la direction du commandant du camp de concentration pour femmes. Près de 1.000 adolescentes et jeunes femmes y furent internées dans des conditions qui diff éraient à peine de celles du camp de concentration pour femmes.

Le camp pour jeunes fut progressivement évacué à partir du mois de décembre 1944 et utilisé par la suite pour mener à bien les sélections et pour rassembler les mourants. “Camp de concentration pour jeunes filles” Uckermark Le “camp de concentration pour jeunes filles” d’Uckermark a principalement été construit par des hommes du camp. Celui-ci appartenait également au complexe de Ravensbrück. Il a été ouvert le 1er juin 1942 avec deux baraques, l’un pour les “éducatrices” et l’autres pour les “élèves” et devait servir de "camp concentration pour jeunes filles" pour les jeunes adolescentes âgées de 14 à 18 ans. On comptait mi 1944 environ 15 baraques. Le camp était sous les ordres du commandement du camp de concentration de femmes. Environ 1000 filles et jeunes femmes ont été incarcérées dans des conditions qui n’étaient pas si différentes du camp de concentration de femmes. A partir de décembre 1944, les SS ordonnent une évacuation progressive et donc la dissolution du camp de jeunes. La majorité des filles et des jeunes femmes ont été transférées dans le camp de concentration pour femmes, les autres étaient employées dans l'industrie de guerre ou même relâchées chez elles. La zone du "camp concentration pour jeunes filles" Uckermark a été depuis transformée en camp de la mort et en camp de sélection et devient ainsi la plus grande zone de mort du complexe de Ravensbrück. Le dit camp de protection de la jeunesse faisait partie du système de camp SS. Les filles et les jeunes femmes qui étaient considérées comme "antisociales" étaient envoyées dans ce camp, un terme qui était interprété de manière très large. Il a conduit au fait que les filles ayant un casier judiciaire, dites “paresseuses”, considérées comme "asociales" ou "négligées" ou qui étaient "menacées d’être laissée à l’abandon",selon les normes national-socialistes, les filles "gravement menacées sexuellement", les Sinti et les Roms ou les filles appartenant à la "jeunesse swing", etc. étaient envoyées dans ce camp. A partir de 1942, la Gestapo a également placé des mineurs en détention préventive dans le camp de protection de la jeunesse. Et à partir de 1943, d'autres groupes de prisonniers se trouvaient également dans le camp, comme de jeunes filles slovènes ayant soutenu la lutte des partisans, des femmes polonaises y étaient emprisonnées pour diverses raisons. L’arrivée dans le camp concentration pour jeunes filles se faisait par le camp de concentration de Ravensbrück. Les adolescentes ont dû passer par les mêmes procédures que les femmes. Une fois arrivées au camp d’Uckermark, les filles étaient divisées dans différents blocs, un bloc d’observation, des blocs de différentes catégories, un bloc de sélection pour les prisonnières de la Gestapo et un bloc dédié pour les filles et jeunes femmes slovènes. Le quotidien du camp était décrit plus tard par les détenus comme très brutal. Il y avait une interdiction totale de parler. Les détenues ne devaient avoir aucun contact entre elles. Quelle que soit la température, les sports de plein air étaient organisés quotidiennement tôt le matin en tenue légère et suivis de douches froides. Tout se passait sous le bruit du sifflet et dans un contexte très militaire. Comme à Ravensbrück, l’appel matinal était quotidien. Les bagarres et la faims étaient omniprésentes. Mais surtout, les jeunes filles et les jeunes femmes étaient exploitées dans divers ateliers, dans l'agriculture, dans l'horticulture, tout comme les femmes de Ravensbrück, ce qui apportaient aux SS de grands profits.

(Source: Le camp de concentration pour jeunes filles d’Uckaemark Edit..: Katja Limbächer, Maike Merten, Bettina Pfefferle, Edition UNRAST Münster, 2005; Merten, Limbächer; Le camp de protection pour jeunes d’ Uckermark: un site d’expérimentation pour la mise en œuvre d'utopies raciale pour les filles et les jeunes femmes P. 16 – 44, ISBN 3-89771-204-0)

Une ancienne détenue témoigne du quotidien brutal dans le “camp de concentration pour jeunes filles d’Uckermark” “Chez nous, en haut, il y avait quelques très jeunes gitanes. Il y avait des jumeaux qui se faisaient beaucoup battre. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient des Gitans (...) Nous avons vu la fille, un soir, sous la douche, elle était verte et bleue. Principalement la petite fille gitane mais également les autres.”

Source: “Le génocide national-socialiste des Sinti et des Roms“, P. 177, Edit..: Romani Rose, Centre culturel et de documentation des Sinti et des Roms allemands, Heidelberg, 1995, ISBN 3-929446-01-4

Les filles et jeunes femmes slovènes étaient incarcérées dans un bloc spécial. Dans leur pays, elles avaient soutenu la lutte de libération contre les occupants allemands, italiens et hongrois.

La membre du CIR, Stanka Krajnc Simonetti (née le 06.09.1928 près de Maribor) était dans un premier temps dans le bloc A puis ensuite dans le bloc spécial. Comme tous les autres elle témoignait également du travail forcé qu’elle subissait avec ses co-détenues. “..Comme ils pouvaient nous rabaisser. Obéir, écouter, ne pas parler, être silencieux…”.”Le démotivation était une partie importante de “l’éducation sociale”. Ils veulent te briser, diminuer ton estime en soi. Tu as seize ou dix-sept ans et tu es rasé à blanc sur le crâne et le corps, tu as la gale sur le nez et les joues, tu portes des vêtements sales et comme tu as presque froid toujours, tu as aussi une "posture négligée" et comme tu dois toujours courir "vite, vite", tu traîne tes pieds malheureux avec de terribles sabots sur le sol. Si tu as la diarrhée, ils ne te laisseront pas partir et alors tout est sale et tu es "un maudit cochon"..." La solidarité avec les autres filles a aidé Stanka à traverser cette période difficile. Stanka est restée dans le camp d'Uckermark jusqu'au début du mois d'avril 1945. Elle a observé la transformation du camp en un camp de sélection et d'extermination. "Les Allemandes sont parties avant nous parce que les SS avaient besoin des baraque pour le camp d'extermination. L'arrivée des transports d'hommes et de femmes avait l'air terrible. J'ai vu cela, puis au début du mois d'avril, j'ai été évacuée". Évacué, signifie travail forcé et prison pour les filles. Stanka a vécu la libération à Güstrow.

Interview de Dr. Stanka Krajnc Simonetti le 03.03.2000, dans: Silvija Kavcic; Survivre et se souvenir, les détenues solvènes dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, 2007, Edition Metropol; p. 299; Katja Limbächer, Maike Merten, Bettina Pfefferle (Hg); La camp de concentration pour jeunes filles r Uckermark, 2ème tirage, juin 2005; Editions UNRAST Münster; Portrait de Stanka Simoneti-Krajnc; Heike Rode à Ravensbrück Blätter, Décembre 2010

Lucja Barwikowska (née en 1927 près de Gdansk) avait 16 ans lorsqu’elle a été arrêtée sur son lieu de travail en mai 1943 à Tczew (Pologne). Avec ses parents, sa sœur de 14 ans ainsi que de la famille du voisinage, elle a été enfermée dans une cave sombre par la Gestapo. Son arrestation était une représaille parce que son frère et plusieurs autres jeunes hommes avaient déserté le service militaire allemands après avoir été recrutés de force. Sur la route vers la Norvège, ils ont sauté du train en route en Suède. Lucja et tous les autres ont été déportés au camp de concentration du Stutthof. C'est là qu'elle a dû effectuer les travaux forcés les plus dûrs dans l'agriculture, dans les ateliers de la fabrique allemande de l’armement, dans la sellerie et dans l'usine de tissage de harnais. En mai 1944 elle a été amenée à Ravensbrück avec ses deux plus jeunes sœurs et son amie Bronka. Elles étaient ainsi séparées de leur mère adorée, ce qui était le plus compliqué. Après la procédure d'admission à Ravensbrück, elles ont été envoyées au camp de concentration pour filles d'Uckermark. Les deux sœurs et leur amie ont été séparées et ne pouvaient plus maintenir le contact entre elles. Lucja a été envoyée dans le quartier des filles slovènes. Dans ce camp de concentration, elle a dû à nouveau travailler dans différents détachements de travail : dans l'usine de tricot, le détachement forestier, le détachement de la cour, l'élevage de lapins, la blanchisserie. Cela faisait partie du "concept éducatif" du camp d'Uckermark, ne jamais quitter les filles des yeux une seule seconde, ne pas les laisser revenir à la raison. À la fin de sa détention, elle travaillait comme animatrice de camp et au poste de police. Les actes gynécologiques, pseudo-médicaux, auxquels les jeunes femmes étaient soumises étaient particulièrement dégradants et mettaient en danger leur santé. Cela avait déjà commencé dans le camp de concentration de Stutthof et s'est poursuivi dans le camp de concentration d'Uckermark Lucja et sa sœur ont également pu observer comment certaines parties du camp de concentration de jeunes filles ont été séparées à la fin de 1944 afin de créer un camp séparé de l'autre côté de Ravensbrück pour les malades et les faibles, dans le but de les laisser mourir et de les assassiner encore plus rapidement, dans des conditions encore plus cruelles que celles qui prévalaient déjà dans le camp de concentration de Ravensbrück. Les trois semaines qui précédaient la libération, les deux soeurs ont dû travailler dans un hôtel à Fürstenberg Elles ont parcouru les 200 km jusqu’à la maison à pied. Leur mère n'avait pas survécu au camp de concentration, leur père était malade, leur appartement avait été bombardé.

(Sources: Ravensbrückblätter, Septembre 2011, S. 16/17, Portrait de onny Wermich et Petra Voss)

Anita Köcke (née le 17.01.1925 à Weimar) Anita Köcke est née le 17 janvier 1925, enfant illégitime d’Anna Lydia Lindner à Weimar. Sa mère travaillait et ne pouvait pas s’occuper de sa fille. Le bureau d'aide sociale à la jeunesse l'a placée en famille d'accueil jusqu'à ce qu'elle soit confiée à une tante en 1933, à l'âge de 8 ans. Elle ne l’a pas supporté et voulait retourner chez sa mère. A la place, elle a été placée dans un foyer pour enfants à Schwarzenberg (dans le Erzgebirge). A l'âge de 10 ans, elle a été adoptée par la soeur de sa mère à la ferme. Anita faisait la traite le matin, avant d’aller à l’école. À l'âge de 14 ans (1939), elle a terminé l'école obligatoire à Lindlar. Entre-temps l’Allemagne était entrée en guerre. Sans autorisation, elle a quitté son travail chez un fermier pour rendre visite à sa mère à Gera. Pour lui faire plaisir, elle lui avait ramené de la charcuterie et du beurre de la ferme. Cela n’est pas passé inaperçu et le fermier a porté plainte pour vol contre elle. Anita a été envoyée cette fois-ci dans un centre d’éducation. Elle a été envoyée, depuis là, après un procès à Kiel dans une prison à Neu Brandenburg. Après avoir été dans un camp de travail à Glückstadt, puis dans un centre pour filles à Kiel, elle est arrivée durant l'hiver 1942/43 à Ravensbrück, puis dans le camp de concentration pour jeunes filles d’Uckermark. Elle se souvient fière de s’être toujours débattue et engagée pour les autres. C’est pour cette raison qu’elle a passé la plus grande partie de son incarcération dans le bloc 6, le bloc des sanctionnées. Il y a toujours eu de la camaraderie et de la solidarité pour elle dans le camp. Elle disait plus tard encore: “ Lorsque l’on a vu tout cela, il faut ouvrir sa bouche!” Anita est tombée gravement malade au camp. Elle était tout de même forcée au travail pour l’entreprise SIEMENS, elle fabriquait des bobines. Lorsqu’elle a été libérée par les troupes britanniques elle ne pesait que 35 kilos.. À la fin du mois d'avril, elle et d'autres femmes ont été conduites à la marche de la mort. Elle s’est effondrée d’épuisement physique et psychologique, lorsqu'elle n’a pas retrouvé de proches à Munich. Elle n’a réussi à reprendre des forces que très lentement. Elle a fait la connaissance d’un américain et est allé à Francfort sur le Main avec lui. A cause de ce contact et parce qu’elle était encore sous la responsabilité du centre de jeunesse (Anita avait 20 ans!), elle a été assignée au centre de santé. Elle y a reconnu parmi les fonctionnaire une ancienne surveillante (Leutner) et le fit comprendre. Anita ne s'était (encore une fois) pas laissée intimider et pouvait suivre sa propre voie. Elle a réussi à retrouver sa mère, grâce à l’aide de la croix rouge dans les années 50. Le 21 mars 1971 Anita a épousé son mari Karl Köcke.

(Source: Ravensbrückblätter, März 2004, S. 5; Porträt von Tina Waschkewicz)

Hilde Lazik (née le 17.09.1925 à Nuremberg)
Hilde Lazik (née Meier) est née le 17 septembre 1925 à Nuremberg dans une famille de 11 enfants. En 1942, elle n'a pas suivi la demande d'inscription au service du travail du Reich. Elle a ensuite été recherchée par la police parce qu’elle était en contact avec des “étrangers”. Elle avait fourni clandestinement des pommes de terre à des travailleurs forcés russes. A l’automne 1942 Hilde a été arrêtée par la police. Elle a été envoyée sans audience pendant un an en prison. Après une évasion, elle a été déportée à l’âge de dix-huit ans à Ravensbrück. A Ravensbrück elle appartenait au groupe des “disponibles”, c’est-à-dire qu’elle devait effectuer chaque tâche qui tombait, comme par exemple sortir des cadavres des toilettes. “C’était le travail le plus difficile que je devais faire”. Après trois mois elle a été amenée au camp de concentration pour jeunes filles à Uckermark. Elle se souvient d’une potence à laquelle étaient pendus trois hommes pour effrayer les autres. “Regardez bien, c'est ce qui vous arrive si vous ne suivez pas !” Des choses horribles sont arrivées à Hilde. Elle a subi une opération gynécologique et n’a jamais pu avoir d’enfant. Hilde Lazik se souvient des enfants du camp, tout comme des personnes de nationalité différentes: “ On parlait toutes les langues, le russe, le francais, le polonais..” Il y avait cependant principalement des filles allemandes dans le camp d’Uckermark. Elle a été menée avec d’autres filles en avril 1945 vers la marche de la mort et libérée par l’armée rouge. Après son retour à Nuremberg, elle a épousé en 1953 Paul Lazik, qui a survécu au camp d’extermination d’Auschwitz. Avec lui, elle pouvait parler du vécu.

(Source: Ravensbrückblätter, März 2007, S. 8, Porträt von Chris Rotmund)

Stanisława Tkaczyk (née en 1927 à Varsovie) J’ai eu une pleurésie importante. J’étais très faible et j’ai ainsi fait partie de la sélection qui a été envoyée au camp pour jeunes, dans lequel étaient rassemblés les détenus que l’on voulait assassiner. Il y avait également Halina Walczuk et sa mère. C’était un camp près de Ravensbrück que l’on ne quittait jamais. J’y ai été transféré lorsque je n’arrivais plus à marcher. Mes jambes ressemblaient à des bâtons et mes pieds étaient horriblement gonflés. Lors de la sélection on m’a mise de côté, on disait que je ne pouvais plus travailler. Nous avons rampé à quatre pattes parce que nous n’avions plus de force. Nous dormions par terre, sur de la paille. Les femmes que je croisais s’effrayaient lorsqu’elles me voyaient, je devais bientôt accoucher. Elles me disaient : “Mon enfant tu quitteras ce lieu par la cheminée, mais on essaie de te sauver”. C’étaient des infirmières. Sous peu, les malades devaient être transportés à Ravensbrück. Elles ont réussi à me faire entrer clandestinement d'une manière ou d'une autre, et je me suis retrouvée dans le bloc du commissariat du camp. C’était encore mieux car on ne devait pas se lever pour l’appel du matin. (...) Lorsque mon fils est venu au monde, je n’avais rien pour lui. Il y avait peu de pain, et ma sœur avait très faim et je lui ai donné mon pain. Plus tard, les femmes ont réussi à me trouver des vêtements d’enfants décédés. (...). Peu de temps après la naissance, nous sommes allées en Suède. Ça nous a sauvé la vie. Nous avons lentement retrouvé la santé dans un hôpital en Suède.

(Source: "Recovering from oblivion - my memories of Ravensbrück", editor and publisher H. Nowakowska, Warsaw, 2010)

Irma Trksak (02.10.1917 (Vienne) – 11.07.2017 (Vienne), ancien membre du CIR
Irma Trksak a été nommée chef de chambrée en 1944 d’un camp de travail appartenant directement à l’usine SIEMENS. Dans "sa" chambrée, elle encourageait les activités culturelles, on chantait, des sketchs étaient écrits et joués. Des discussions politiques étaient également menées. Mais elle a été dénoncée et fin 1944 incarcéré en tant que chef de chambrée dans le camp d’Uckermark. C'est à cette époque que le camp d'Uckermark a été transformé en un camp pour la mort et de sélection et donc en la plus grande zone de mort du camp de concentration de Ravensbrück. “Les détenues ne recevaient pas à manger, elles se partageaient une couverture à deux ou à trois avant qu’on leur la retire. On leur retirait les vestes en laine et à la fin également les chaussettes. Beaucoup de femmes ont succombé à un empoisonnement et à des injections.” Irma désespérait. Pour rien au monde elle ne voulait rester à cet endroit. Avec l’aide de Lisl Thury, chef de la police du camp, elle a pu être reprise dans le camp principal.

(Source: Journal de Vienne du 30.04.1997, P. 30, Rainer Mayerhofer en discussion avec Irma Trksak)

Betty Wentz, la mère de Vera Modjawer (membre du CIR), est arrivée en janvier 1945 du camp d’Auschwitz avec Lotte Brainin en tant que prisonnière de fonction pour être envoyée dans le camp d’Uckermark. Betty a été nommée chef de sa chambrée et devait prendre part à des sélections horribles, comme on peut le voir dans sa déclaration de 1947 contre les gardiens responsables de camps de concentration : “Après avoir été sélectionnées pour la chambre à gaz, les prisonnières étaient pressées dans ce qu'on appelle le gymnase. Les personnes y restaient des heures ou même jusqu’à trois jours, sans manger, sans boire, sans couverture, et même sans autorisation d’aller aux toilettes. Il est clair que la puanteur dans cette pièce était insupportable. Les scènes auxquelles j’assistais étaient si cruelles que j’ai fait quelques fois une crise de nerf. Le plus horrible était quand des mères étaient séparées de leurs filles ou des filles de leurs mères. Les SS trouvaient cela hilarant, ce qui était une raison supplémentaire de séparer mères et filles et de les maltraiter par dessus tout.

(écrit par sa fille Vera Modjawer en décembre 2019)

Après la libération du camp de concentration de Ravensbrück, les femmes qui y sont restées ont pu s'installer dans les baraques de l'ancien camp de concentration pour filles.

Rosel Jochmann écrit dans une lettre à Vienne le 21 juin 1945: “Nous nous en sortons très bien ici, nous avons assez de nourriture et j'ai bien peur que vous manquiez beaucoup de ce que nous avons ici en abondance. Nous dormons dans une baraque au milieu de la forêt, c'est l'ancien camp de jeunes et il a une histoire très triste.”